The Hill, revue électronique liée au Congrès américain, fait publier un article où il reconnaît « l’émergence d’un facteur Hezbollah » dans la région stratégique de l’Asie de l’Ouest.
« L’émergence du Hezbollah à titre de puissance régionale s’est fait malgré bien des contraintes : la résolution 1701 du Conseil de sécurité, votée en 2006, visait à affaiblir ce mouvement, à préparer le terrain à son désarmement, mais le voilà bien renforcé au point de devenir une puissance régionale », écrit The Hill.
Le Conseil de sécurité a voté la résolution 1701 en août 2006 au terme d’une guerre israélo-libanaise qui a duré 33 jours. Israël a réussi à réduire en cendres une grande partie du sud du Liban sans pouvoir pour autant vaincre le Hezbollah. « À l’heure qu’il est, les forces intérimaires onusiennes sont déployées depuis les frontières libano-israéliennes jusqu’au fleuve du Litani dans le nord du Liban. Leur mission consiste à empêcher toute confrontation de part et d’autre bien qu’il arrive assez souvent aux Israéliens de transgresser le cessez-le-feu et de violer l’intégrité territoriale ou aérienne du Liban », ajoute le site avant de se lancer dans l’analyse des capacités croissantes du Hezbollah.
« La géopolitique du Moyen-Orient telle qu’elle est définie aujourd’hui, fait du Hezbollah un des principaux acteurs de la guerre en Syrie et l’une des forces à la fois politique et militaire au Liban. La puissance du Hezbollah n’est plus ce qu’elle était en 2006 : Israël dit craindre quelque 130 000 roquettes et missiles du mouvement qui a changé d’essence en 11 ans ».
Pour The Hill, le Hezbollah a permis le maintien au pouvoir du président Assad, car de l’aveu même des « rebelles », le Hezbollah a fait capoter à plus d’une reprise « les plans visant à renverser Assad » en changeant la donne des batailles.
Réticent au début, le gouvernement libanais a fini par accepter l’existence des arsenaux du Hezbollah et il s’en est même conformé en envoyant l’armée libanaise combattre le Front al-Nosra à Ersal, aux côtés du Hezbollah. C’est dire à quel point le Hezbollah est devenu incontournable aussi bien au Liban qu’au Moyen-Orient. The Hill évoque à titre d’exemple « le soutien vibrant du président chrétien Michel Aoun au Hezbollah ».
La revue du Congrès américain rappelle aussi le Yémen comme « une autre scène où se manifeste le Hezbollah dans toute sa puissance » : les conseillers militaires du Hezbollah appuient les houthis au grand dam de Riyad qui mène depuis 2015 une intervention militaire au Yémen.
The Hill conclut : « La résolution 1701 du Conseil de sécurité n’a jamais été appliquée. Si elle l’avait été, le Hezbollah n’en serait peut-être pas là où il est aujourd’hui. Le monde devrait se rendre à l’évidence : le Moyen-Orient assiste à l’émergence d’un nouvel acteur politique à la redoutable puissance militaire. »